Du creux au vide, il n’y a qu’un pas que l’alterblosophère franchit sans hésiter Le mot blogosphère a toujours eu le don de me faire sourire tant il est possible de lui faire dire tout, son contraire et n’importe quoi, c’est à dire rien.
- Pris de l’extérieur, il désigne l’ensemble des personnes tenant un blog.
- Vu de l’intérieur, il désigne l’ensemble des blogueurs pour ceux qui revendiquent l’appartenance à une communauté universelle établie autour de ceux qui tiennent un blog (je ne sais pas si je suis clair là).
- Vu de pas tout à fait l’intérieur mais presque quand même, il désigne un ensemble de types qui revendiquent une appartenance communautaire liée à une activité que je pratique, mais dans laquelle je ne me reconnais pas, bien qu’eux m’y comptent du simple fait de ma pratique de cette activité, le blogging (un peu comme moi quoi…).
- Et vu de l’intérieur mais pas tout à fait quand même, il y a fort à parier que 90% des blogueurs n’ont jamais entendu ce mot, ou, au cas contraire, s’en moquent éperdument (et ils ont bien raisont !).
Alors forcément, quand je vois des type réclamer une "autre blogosphère", je ne peux m’empêcher de lever les sourcils d’étonnement :
- Pour les gens de l’extérieur, il s’agit de remplacer un ensemble global par un autre ensemble global défini de la même manière et comportant exactement les mêmes éléments.
- Pour les universalistes de l’intérieur, il s’agit de remplacer leur communauté par la même chose, et eux par eux-même.
- Pour les blogueurs qui ne se reconnaissent pas dans l’appartenance à cette communauté, ça ne va pas changer grand chose.
- Quant à ceux qui s’en foutent – ou qui ne connaissent même pas le terme de blogosphère – ils resteront dans leur tour d’ivoire, loin des turpitudes d’un monde qu’ils ignorent, et encore une fois, ils ont bien raison.
Une autre blogosphère, oui, mais pourquoi ?
- La blogosphère serait viciée. Il y a de l’idée, ouvre la fenêtre, ça devrait aller mieux, ou alors tente un déo à chaussures.
- Les blogueurs influents seraient des vieux qui n’ont pas grandi avec l’outil Internet. Non, ils l’ont juste fait, popularisé, et répandu. Si tu peux aujourd’hui bloguer et faire tes courses sans sortir de chez toi, il y a peu de chances que ce soit grâce à un ado prépubère pas fichu d’écrire une ligne de français sans y dissimuler une demi-douzaine de fautes, et sans parler du sms style.
- Les blogs influents sont des blogs métier. Normal, les gens ont envie de lire du contenu intéressant, pas la vie – très certainement passionnante – de Jean-Kévin et de ses copains du collège Jean Jaures ("J’veux un scooter !").
- Ceux qui en trustent les hautes marches sont des gens qui n’ont pas construit leur réputation par le net mais grâce à leurs réseaux et leurs compétences réelles : tel avocat, tel économiste, tel PDG.. Ah ben pour une fois qu’on trouve un peu de réel et de compétent dans ce monde virtuel, on ne va pas se plaindre.
Et tout ça pour proposer quoi ? De remplacer du vide par du vide à l’aide d’un article aussi plein de vide.
Si leur but est de se faire connaître en revendiquant quelque chose dont tout le monde s’en tape (être Calife à la place du Calife), ben ça a au moins le mérite de plutôt bien marcher.
Via Frédéric Cavazza qui atteint par là le summum du vide éditorial (et moi aussi du même coup, mais ça ne change pas beaucoup de d’habitude, et si râler pour le plaisir ne sert à rien, ça permet au moins de se défouler).