Un après-midi comme tant d’autres, nous étions « Au Jardin » avec mon père, ma mère, ma soeur, et pour une fois mes deux cousins nous accompagnaient. C’était l’été, le soleil tapait dur, nous nous étions réfugiés sous le ceriser pour profiter de sa faicheur.
« Le Jardin » : c’était un petit lopin de terre que mon père cultivait : tomates, carottes, pommes de terre, haricots, salades, fraises, concombres, courges, radis, petits pois. Nous y allions pratiquement tous les jours pendant l’été, pour faire la récolte, enlever les mauvaises herbes, sarcler, biner, planter, semer, arroser.
Pendant que mes parents éprouvaient combien la terre pouvait être basse, j’étais avec mon cousin, le plus grand des deux, à jouer sous les cerisers, près du lavoir qui ne servait plus qu’à entreposer des bocaux pleins d’eau de pluie stagnante.
Vers quatre heures, ma mère nous apporta le goûter : des tartines de pain au nutella. C’est donc la tartine à la main que nous reprîmes nos jeux d’enfants.
La suite est plutôt floue, je me souviens juste que l’on a réussi à casser un bocal rempli d’eau de pluie, et que le contenu s’est déversé sur nos tartines, les rendant impropre à toute consomation. Les tartines étaient imbibées d’une eau saumatre, impossible de manger ça.
Ce que je me souviens par contre, c’est le sentiment d’écoeurement face au gachi que celà représentait, je ne savais pas quoi faire, mon cousin m’a tout simplement dit : « ben on jete ».
Jeter de la nourriture, la chose qui me parraissait le plus ignoble. Je ne pensais pas à tous ces gens qui mouraient de faim, non, je ne savais même pas que ça existait, mais pour moi, c’était mal, on ne gaspille pas la nourriture ainsi.
J’étais complètement catastrophé, non seulement, c’était une énorme perte pour moi, mais en plus mes parents ne manqueraient pas de me filer une rouste.
Finalement, ma mère m’a dit que ce n’était pas grâve, et en bon garçon que j’étais, je l’ai cru. Ma consience était soulagée.
pff 6 mois de bouffe dans un village en somalie, comment t’as pu ?!